LA FEE CLOCHETTE

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René Dayve : Souvenir… Hommage à un bâtisseur de vies

Le 20 novembre 1971, René Dayve décédait. La population pleurait son Maire, son proviseur… son bâtisseur de vie. Qui se souvient de cet homme incroyable aujourd’hui ? Les anciens, oui… mais les jeunes qui foulent, chaque matin, le lycée du Mont-Blanc ? Qu’en est-il des élèves et en particulier du bâtiment Technique et les élèves des classes ski ?
Le lycée s’appelle bien le lycée du Mont-Blanc René Dayve, les deux noms ne peuvent être dissociés, où alors ne faudrait-il pas assembler le nom de cette singulière façon, le Mont-Dayve comme illustrait Pellos en 1951 ? Faisons un petit bon dans le passé, pour rencontrer celui qui fit avancer à grand pas les mentalités. Il bâtissait des vies, combien de personnes auraient arrêtés leurs études si Monsieur Dayve n’avait pas eu l’ingéniosité de construire inlassablement des infrastructures pour que les jeunes puissent devenir, maître de leur vie. « Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » disait le poète, mais le souvenir existe et doit perdurer.

 

Il était petit de taille, mais d’une grande générosité et aimait profondément sa vallée et les personnes de tout bord qui la composait. Descendant d’une tradition d’enseignants autodidactes, dissidents, de Bionnassay, il sort de l’Ecole Normale dans les premiers. Simple instituteur, il gagne l’école de l’Abbaye en 1934, s’occupe de sa classe et de la direction. C’est ici que tout commence. Skieur, il monte un club de ski pour les adultes et aussi et surtout pour les enfants indigents et
crée le trophée du Mont-Blanc. Certains deviendront des champions. Bientôt, l’école de l’Abbaye voit sa fréquentation augmenter et il mène une lutte acharnée pour monter le cours complémentaire dès 1947. Il ouvre une cantine scolaire, en toute illégalité, grâce au soutien de sa femme, de sa cuisinière. Puis, d’instinct, il repère parmi ses élèves les potentialités de chacun dont certains deviendront ingénieurs. Il permet à de jeunes nécessiteux de la région de poursuivre leurs études car il se rend compte très rapidement que les familles ne peuvent envoyer leurs enfants en pension à la Roche sur Foron afin de poursuivre leur cursus scolaire. La petite école de village devient un lycée d’Etat polyvalent.
C’est comme cela que petit à petit il s’entoure, façonne, aménage, agrandit les structures qui deviendront  le « lycée du Mont-Blanc » comme il le prénomme. En 1970, 1500 élèves intègrent le lycée.
Homme de communication exceptionnel il travaille pour sa classe mais sa porte reste ouverte de jour comme de nuit. Il lie des connaissances avec les mairies, la région et les plus hautes instances de l’état. Il progresse, articule, conçoit. René Dayve donnait sa chance à tout le monde, aux élèves bien sûr mais aussi aux enseignants. Sa méthode de recrutement était certes cavalière mais elle a contribué à former des enseignants certainement les meilleurs, la didactique et la pédagogie enseignées faisaient que les résultats du lycée étaient exceptionnels au niveau régional. Son fils Bernard raconte : « Il faisait beaucoup de choses dans l’illégalité, puis ce qu’il faisait devenait légal. Un jour, il prend en stop une dame sur la route qui se rendait aux Contamines Montjoie, il s’aperçoit qu’elle était angliciste et qu’elle pouvait devenir prof d’anglais, elle souhaitait se rapprocher de son compagnon qui habitait Genève, c’est comme cela qu’elle fut engagée prof d’anglais. Un autre jour, il va manger à St Gervais et rencontre un cuisinier qui avait passé le concours pour entrer à Centrale. Il n’avait pas pu intégrer l’école en question à cause de la guerre. Il lui a dit qu’il l’engageait pour devenir prof
de maths, sans diplôme requit par l’éducation nationale. Mon père lui dit qu’il lui faisait confiance pour acquérir les diplômes par la suite, c’est comme cela qu’il fit son recrutement de professeur de maths ».
Il alla aussi
recruter des profs parmi le personnel de Péchiney et de la SNCF, pour les sections techniques.

 

Il n’était pas seul dans son combat, il était soutenu par des personnes merveilleuses comme son épouse Marie-Louise et ses enfants, sa cuisinière Mme Perreta, monsieur le curé de l’époque qui lui céda les terrains pour construire le lycée, les maires et les adjoints, les amis, les décolleteurs qui lui donnèrent des machines pour la partie technique, les secrétaires dans les ministères, Monsieur Le Gall inspecteur d’académie
et bien d’autres.

 

Dans les textes officiels aujourd’hui, on promulgue « l'égalité des chances ». René Dayve avait bien avant tout le monde pris conscience de cela. Il était le serviteur de l’éducation nationale, il réalisa des choses qui jamais n’avaient eu l’audace d’être réalisées et qui ne le seront plus jamais.

                                                                                                         

 

Repère : René Dayve

Instituteur et directeur de l’école
de l’Abbaye

Devient proviseur du Lycée du
Mont-Blanc en 1953

Ouverture cours technique en 1955

Conseiller Général de St Gervais 1955

Adjoint spécial des Plagnes en
1966

Maire de Passy en mars 1971

Officier des palmes académiques

Médaille d’or  jeunesse et sport

Légion d'honneur



17/11/2011
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